En photographie, l’exposition correspond à la quantité de lumière reçue par le capteur de l’appareil. Plus l’environnement sera lumineux, plus elle rentrera, et inversement. Une photo surexposée reçoit donc trop de lumière, alors qu’une photo en sous-exposition n’en reçoit pas assez. Jusque-là, c’est assez simple. Sauf que voilà, c’est un réglage technique qui nécessite malgré tout de maîtriser le fameux « triangle d’exposition » :
Ouverture du diaphragme : plus son ouverture sera grande, plus la quantité de lumière s’introduisant dans l’objectif le sera aussi.
Vitesse d’obturation : plus le temps d’exposition sera long, plus la quantité de lumière atteignant le capteur sera importante.
Sensibilité ISO : plus un capteur est sensible, plus il absorbe de lumière.
Pour peu que le photographe choisisse le mode priorité ouverture ou priorité vitesse, et ces deux paramètres se retrouvent liés l’un à l’autre. En en privilégiant un, l’appareil ajuste en effet l’autre en fonction du premier. Une fois l’option choisie, il ne sera alors possible d’intervenir que sur la sensibilité. Pour régler chacun de ces trois paramètres plus librement, il faut sinon travailler en mode d’exposition manuel.
Généralement, la sur ou sous-exposition génèrent des problèmes de lisibilité de l’image. Soit les blancs risquent d’être cramés, soit on risque de ne plus rien y voir. Mais en d’autres occasions, comme pour ces plantes aquatiques chères à Monet, c’est un parti pris créatif à part entière. Utilisé à bon escient, ce réglage permet en effet d’instaurer une ambiance toute singulière. Jusqu’à donner ici l’impression de photos prises de nuit… Alors que, comble de l’ironie, le soleil régnait en maître !
Tout comme Claude Monet, j’affectionne les jeux d’ombre et de lumière. Dans ce jardin d’eau naturellement contrasté, mon œil a immédiatement été attiré par un nymphéa isolé des autres. Captivée par le rayon de soleil qui caressait cette fleur aquatique entourée d’ombre, j’ai voulu la révéler. En accentuant les contrastes, en jouant avec les reflets de la végétation alentour mais aussi en profitant des ombrages voisins. À l’instar des toiles de l’illustre peintre, on distingue sur cette photographie minimaliste, des taches de couleur. Ainsi naquit l’idée de cette série photos, et la première à composer l’album. Alors, dans ce paradis qu’est le jardin de Giverny, j’ai cherché d’autres nymphéas inondés de luminosité et enveloppés d’obscurité.
J’aurais très bien pu utiliser le mode priorité ouverture, mais je le faisais peu à l’époque. C’était en 2017 tout de même, ça ne nous rajeunit pas. J’ai donc travaillé en mode d’exposition manuel, en sous-exposant à la prise de vue. Ce faisant, l’ombre était inévitablement plus marquée. L’effet s’appliquant forcément sur l’ensemble de la photo, mes clichés étaient entièrement assombris. J’ai ensuite retravaillé les zones ensoleillées en post-traitement, de façon à mettre ces végétaux subtilement en lumière. Avec parfois même l’agréable intervention d’une petite bête ailée ! Ce n’était pas mon objectif, mais c’est ce processus qui donne l’illusion de photographie de nuit.
Si vous aussi, vous êtes un animal curieux, les Nymphéas peuvent aujourd’hui être admirés au Musée de l’Orangerie à Paris. Ceux de Monet hein, pas les miens…